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 Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]

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Ombe Hyde
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MessageSujet: Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]   Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre] Icon_minitimeVen 2 Sep - 21:35

  • Tant d'années. Tant d'années à courir après la liberté, pour finalement s'apercevoir qu'elle ne tenait à pas grande chose. Certain la trouvait dans une vieille cabane perdue au bord d'une plage ; d'autres, tout simplement, dans le fait de vivre chaque jour sans avoir de chaînes aux poignets. Et moi, je l'avais trouvée sur un bateau. Un bateau et une gigantesque étendue d'eau, où même le vent ne rencontre aucun d'obstacle, ou le son de son propre cri semble résonner jusqu'à l'infinie. Et ces mouettes qui crient en accompagnant le navire, ces cris stridents qui sonnent à mes oreilles comme un merveilleux hymne à la Liberté.

    Tout avait commencé il n'y a pas si longtemps. Une chute, une survie, une révélation. J'étais la fille d'une femme et d'un androïde, une demi-robot. La liberté qui s'était dessinée peu à peu à moi s'était doucement étiolée. J'étais la fille d'un robot à l'apparence totalement humanoïde, un humain fabriqué en usine. J'étais par conséquent destinée à être extrêmement résistance aux coups/chutes, et donc quasiment incassable ce qui par ailleurs n'était pas si mal dans mon cas. Mais être semi-robot, c'était aussi avoir été, quelque part... construite par quelqu'un, voire même quelque chose. J'avais toujours eu du mal à croire que les androïdes pouvaient avoir des sentiments, des sensations. Après tout, ce n'étaient que des machines. Mais le fait d'en être une en partie avait changée la donne. Je me sentais horriblement mal, comme prisonnière d'un corps qui n'était pas le mien.

    Je secouais la tête. Ressasser ces idées m'emplissait d'un terrible vide intérieur, et je parvenais peu à peu à me convaincre que je n'étais qu'un stupide robot. Comme si l'intégralité de mes mouvements, de mes paroles, de mes réactions avaient déjà été prévues dans un circuit compliqué établi au fond de moi-même. Je savais que, quoi qu'il en soit, ce n'était pas réellement le cas. Les androïdes étaient le fruit d'une technologie extrêmement poussés ; ils étaient finalement devenus de véritables humains, avec leurs propres sentiments, leurs propres réactions, leur propre caractère. Et puis, je n'en étais jamais que la moitié. Et pourtant...

    Pour me changer les idées, je décidais de me rendre sur le point d'observation de la vigie. La Vigie. C'était mon nouveau travail, à présent. Je m'étais présentée au capitaine de bord ; mon désir brûlant de prendre la mer et ma quête de la liberté l'avait séduit, et j'obtenais peu de temps après ce poste auquel j'aspirais plus que tout. Respirer à longueur de journée l'odeur salée de la mer, pouvoir scruter l'horizon du navire, sentir le vent caresser mon visage... Qu'aurais-je pu trouver de mieux ?

    Je jetais un regard au-dessus de moi ; les cordages. Il était temps de passer à l'action. Je fis trois petites foulées, pris mon élan, puis bondis. Je choppais l'une des cordes au passage, profitant de la vitesse obtenue grâce à mon saut pour me propulser vers une autre encore, tout-à-fait concentrée. Je sentais les cordes légèrement usées accrocher la peau de la paume de ma main, je sentais le vide qui se creusait peu à peu en dessous de moi. Il n'y avait rien de plus grisant ; il n'y avait plus que le ciel et moi.

    Puis cette histoire d'androïde. Malgré tous mes efforts pour la chasser, elle revenait au galop prendre la place qui lui était due au sein de mon esprit. Ma concentration se troubla peu à peu ; je ratais la première corde, me raccrochais à la seconde. Évitais de justesse le mât, pour finalement me prendre le pied gauche dans l'une des voiles basses. Puis, irrémédiablement, je tombais.

    Je laissais échapper un léger gémissement. La deuxième chute, en quelques jours. Je savais pertinemment, que je ne risquais plus la mort ; j'étais trop résistante pour succomber à ce genre d'erreur. Mais deux autres éléments étaient à prendre en compte. La stupidité, en premier lieu. En temps normal, lorsque j'avais tous mes esprits, j'étais une excellente acrobate. La meilleure de ma ville, en tout cas. Et tout le monde le savait. Me ridiculiser avec une chute de ce genre était tout bonnement ridicule. Et puis la douleur. Si je ne pouvais pas me tuer, et très probablement pas me fracturer quoi que ce soit, je n'allais pas me tirer de cette chute qui aurait tué n'importe qui sans souffrir. Je l'avais déjà appris à mes dépends, lorsque j'avais chuté du haut de l'immeuble.

    Finalement, la douce sensation de la chute m'envahit, coupant court à tous les différents jurons qui me venaient brusquement à l'esprit. La même sensation que la première fois, celle d'une liberté sans borne, lorsque nous ne nous tenions plus à rien. Puis, en quelques secondes à peine, la vitesse que je prenais, vite, de plus en plus vite, avant l'impact.

    Je ne pouvais pas mourir, de toute façon.
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Calemia Hyde
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MessageSujet: Re: Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]   Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre] Icon_minitimeDim 4 Sep - 17:57

[HJ : J'avais dit que je répondrais pas, mais en fait, c'est trop tentant. Et je devrais être en train de me préparer pour ma rentrée ...]

    Il était environ dix heure du matin, l'heure à laquelle tout bon citoyen de Vengelys se doit d'être au travail et non pas de franchir avec précaution une barrière portant la mention "ZONE INTERDITE" en gros caractères rouges. Seulement, Calemia Hyde n'avait jamais été une très bonne citoyenne. Oh, bien sûr, elle payait ses impôts, quand elle n'oubliait pas, mais qui peut résister à l'appel de l'interdit ?

    Depuis quelques jours, Caly n'entendait parler de que d'une chose. Enfin, deux. De la disparition de sa sœur et de l'apparition de ce mystérieux navire sur la place. Sa mère avait renoué avec les avis de recherches, et elle ne pouvait se balader dans aucun coin du quartier d'Eve sans croiser Ombe et son sourire crispé qu'elle avait toujours sur les photos d'identité. Alors ce matin, au lieu de partir au travail et de supporter le gérant et son sourire vicieux toute la journée, elle était partie le voir. Voir le bateau.

    Elle était montée sur le pont, avait marché un peu, puis les choses avait commencées à se gâter. Les marins avaient commencés à s'activer, à déployer les voiles, à la bousculer et finalement, l'Evasion avait quitté la plage. Et Caly était toujours sur le pont, l'air légèrement égarée. Elle s'avança vers la balustrade et entreprit de se pencher. Elle resta ainsi quelques secondes, le temps de réaliser qu'elle était sur la mer. La Mer d'Argent. Aussi loin qu'elle regarde, l'horizon avait toujours été cette ligne bleue infranchissable. Et elle était sur un bateau qui l'emmenait vers Dieu sait où, au-delà de la Mer.
    Elle se releva et affecta un air blasé.

    Puis, ne voulant pas rester plantée comme une potiche, elle se mit à déambuler sous les cordages, quand soudain ... PAN. Le bruit d'une rousse de taille moyenne tombant de plusieurs mètres.
    Calemia se précipita vers la jeune femme au sol.

    « - Je ... Je ... Vous ... Tu ... Ça va ? »

    Celle-ci se retourna précautionneusement. Elle n'avait que quelques égratignures, des cheveux roux aux épaules et des traits enfantins. Caly bondit.

    « - Ombe ?! Qu'est-ce que tu fiches ici ?!, et, constatant le mutisme surpris de son interlocutrice, elle poursuivit, Tu ... tu pars sur ce truc ? Est-ce que, pour une fois, tu aurais pu agir comme une personne normal ? Une personne normale, qui se souci un minimum des autres et qui a la politesse de rester dans son lit d'hôpital après une chute du haut d'un toit au lieu d'aller s'enrôler sur le premier bateau venu ? »

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Ombe Hyde
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MessageSujet: Re: Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]   Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre] Icon_minitimeMar 6 Sep - 18:58

  • Impact. La douleur perfora brusquement tout mon être, tandis que je m'écrasais sur le pont du bateau. Il y avait tout d'abord cette sensation d'être rivés au sol encore plus sûrement qu'auparavant, et la violente sensation d'être disloquée de partout. Je grimaçais, mais me taisais. Inutile de hurler ; je savais de toute façon que je n'avais rien, et que dans quelques heures, tout sera rentré dans l'ordre. N'empêche que pour l'instant j'ai mal.

    Des bruits de pas qui se précipitent derrière moi. Si, quelque part, je suis heureuse que quelqu'un vole à mon secours, inutile de préciser que j'aurais grandement préféré que, tout simplement, personne n'assiste à ma chute. Mais le bateau vient de quitter le port, et tout le monde s'agite sur le pont. Passer inaperçue après une chute de ce genre, c'est tout simplement impossible.


    « - Je ... Je ... Vous ... Tu ... Ça va ? » 

    J'écarquille les yeux, fais la grimace. Cette voix, je la connais par cœur. Et pour cause, j'ai passé les dix-huit premières années de ma vie aux côtés de sa propriétaire : Caly, ma grande sœur. Après avoir été abandonnée par notre grand frère elle avait toujours veillé sur moi, avant que je ne l'abandonne à mon tour. Avec elle sur le bateau, je sais que je vais me faire passer un savon ; mais il est trop tard pour me défiler. Je me retourne précautionneusement, histoire de ne pas brusquer mon pauvre petit corps qui s'en remet doucement, et plante mon regard dans celui de ma sœur.

    « - Ombe ?! Qu'est-ce que tu fiches ici ?! Tu ... tu pars sur ce truc ? Est-ce que, pour une fois, tu aurais pu agir comme une personne normal ? Une personne normale, qui se souci un minimum des autres et qui a la politesse de rester dans son lit d'hôpital après une chute du haut d'un toit au lieu d'aller s'enrôler sur le premier bateau venu ? »

    Je hausse un sourcil. Si Caly' a bien pu apprendre un truc sur moi au cours des années, c'est que je n'étais pas une personne normale. J'avais mes rêves et mes espoirs, mes propres moyens pour me les rendre plus accessibles. Ses projets n'étaient pas les miens, ne pouvait-elle pas le comprendre ? J'avais mes propres objectifs, qui n'étaient pas des plus communs. J'avais quitté la maison pour oublier la révélation qui entravait ma liberté. J'avais quitté la maison pour me défaire des derniers liens qui m'empêchaient de l'atteindre et parmi eux, il y avait Caly'.

    - Mais qui est la plus égoïste de nous deux ? Tu m'as toujours empêchée de vivre selon ce pourquoi je suis née. J'ai besoin de liberté, tu comprends ? De liberté à outrance. J'ai besoin de la respirer, à m'en étouffer. D'en vivre jusqu'à ce que j'y succombe. Et toi, tu restes barricadée dans ta stupide conscience de la prudence.

    Je me lève lentement, effectue quelques pas vacillants, me rattrape de justesse au bastingage. Sauf preuve du contraire, Caly n'a rien à faire sur ce bateau. Depuis ma plus tendre enfance, j'ai senti au plus profond de moi l'annonce d'un départ définitif, et l'appel de la mère ; à ce que je sache, ce n'était pas le cas de ma sœur.

    - Et que fais-tu ici, toi ? Tu m'as toujours parue bien à l'aise, rivée à la terre ferme. Qu'est-ce qui t'a poussée à embarquer ? Maman va se faire du soucis, tu le sais bien. Elle savait que moi, je partirais un jour ou l'autre. Que je trouverais enfin un moyen de quitter cette île maudite, et de m'envoler. Mais toi... Elle était persuadée que tu serais toujours à ses côtés. Je viens de la décevoir, ne le fais pas à ton tour.

    Curieusement, l'inquiétude de ma mère est le cadet de mes soucis. J'ai toujours nourri à son égard beaucoup de rancœur, et je ne l'ai jamais appréciée de la même façon qu'une fille se doit d'apprécier sa génitrice. Elle ne tenait pas dans mon cœur une place bien plus grande qu'une simple connaissance ; Caly s'était bien mieux occupée de moi. Et si je l'avais quittée volontairement, je ne l'avais pas fait sans un léger pincement au cœur. Si la voir ici n'était, quelque part, pas pour me plaire, un poids extrêmement lourd glissait lentement de mes épaules. Je ne parvenais à entretenir la lueur glacial qui brillait au fond de mes prunelles auparavant ; Caly comptait bien trop pour moi.
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Calemia Hyde
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MessageSujet: Re: Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]   Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre] Icon_minitimeVen 9 Sep - 13:28




    Je ne sais pas si vous avez déjà au cette sensation ... Comme si la carapace qui nous entoure est en train de se craqueler peu à peu, chaque fissure révélant un peu plus l'intérieur de votre personne ... C'était exactement ce qui arrivait à Caly en ce moment. Et laissez-moi vous dire que ce n'était pas beau à voir ...

    « - Mais qui est la plus égoïste de nous deux ? Tu m'as toujours empêchée de vivre selon ce pourquoi je suis née. J'ai besoin de liberté, tu comprends ? De liberté à outrance. J'ai besoin de la respirer, à m'en étouffer. D'en vivre jusqu'à ce que j'y succombe. Et toi, tu restes barricadée dans ta stupide conscience de la prudence »

    Paf. Premier impact. Fissure dans la coquille. Un coup asséné par une Ombe qui peine à se remettre debout, chancelant comme sous l'effet de l'alcool. Ah, la belle jeune femme responsable, indépendante ... Qui s'accroche à son rêve mais pas aux cordes ...

    Peut-être Caly s'attendait-elle à ce que sa sœur lui saute dans les bras ? Ou à un regard noir et une demande d'aide ? Dans tous les cas, rien ne l'avait préparée à une tirade lyrique et à une remise en question de sa propre personne. Dans son esprit, elle et sa sœur se vouaient un amour fraternel respectif et à toute épreuve ... Un amour vache, peut-être, je vous l'accorde, mais de l'amour quand même.

    Ombe était finalement parvenue à se relever tant bien que mal, luttant contre le tangage du bateau, ayant assez récupéré pour asséner le coup final à une Calemia dont la figure actuelle n'avait rien à envier à un poisson.

    « - Et que fais-tu ici, toi ? Tu m'as toujours parue bien à l'aise, rivée à la terre ferme. Qu'est-ce qui t'a poussée à embarquer ? Maman va se faire du soucis, tu le sais bien. Elle savait que moi, je partirais un jour ou l'autre. Que je trouverais enfin un moyen de quitter cette île maudite, et de m'envoler. Mais toi... Elle était persuadée que tu serais toujours à ses côtés. Je viens de la décevoir, ne le fais pas à ton tour. »

    Deuxième fissure. La coquille se craquelle, laissant entrevoir la Caly dont je vous ai parlé précédemment : la petite fille abandonnée pour la énième fois qui attend sur le pas de la porte le retour de son frère. Mais cette petite fille a grandit, est devenue une jeune femme forte et résistante, du moins le croit-elle. Et à l'intérieur de Caly, les deux se chamaillent, créant un désordre assez impossible à imaginer.

    « - Parce que tu ... tu te crois seule ? A toi le large et l'aventure, à moi de garder la vieille ? Si tu savais l'état dans lequel tu l'as mise ... Si tu l'avais seulement vue ... Tu retournerais sur cette saleté de terre ferme à la nage, je t'assure. Elle passe ses journées à coller, coller et coller encore ta photo sur les murs ... "L'avez-vous vue ?" ... Et elle refuse de parler, j'ai beau hurler qu'elle est la dernière à t'avoir vue, pas un mot. Pas un seul, tu entends ? Pas une seule explication sur ce qu'a pu lui dire sa fille fugueuse avant de partir. Peut-être que tu t'en fiches ? Ça te fait plaisir de la voir tourner en rond comme ça, hein ? Et moi ... Et moi ... Oh, et puis merde ..! »

    Le spectacle de deux sœurs criardes semblait attirer du monde, et Ombe et Caly était maintenant entourées par un certain nombre de gens, marins et passagers en mal d'animation.



[HJ] : Si quelqu'un veut, il ou elle peut intervenir et les séparer maintenant \o\ N'importe qui, un passager ou quelqu'un de l'Evasion.




Dernière édition par Calemia Hyde le Mer 12 Oct - 14:26, édité 1 fois
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Clio

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MessageSujet: Re: Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]   Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre] Icon_minitimeMar 11 Oct - 19:45

La mer. Encore et toujours la mer. Si loin de Glaederel où elle avait grandi. Mais elle avait eut besoin…besoin de partir. Un besoin irrépressible de changer d’air, de changer d’endroit, de changer… Sa mère avait compris. Elle non plus n’allait pas bien. Elle disparaissait des jours durant, fouillant la forêt sous sa forme de biche. Clio l’avait aidé, au départ. Mais ce la avait été trop dur. Chaque centimètre carré de la forêt lui rappelait Malik, lui rappelait tous les moments où ils avaient joués dans la forêt, parfois le jour, parfois la nuit. Vampires ou oiseaux. Parfois les deux.
Ne pas penser à Père !
Le souvenir d’Ethan la hantait avec plus de force que celui de Malik.
Je sais que Malik est vivant. Je le sens. Il ne peut pas mourir sans que je le sache.Mais qui savait si son père était encore vivant ? Celui qui les consolaient lorsqu’ils se réveillaient la nuit, secoués par les cauchemars, celui qui leur racontait des histoires pour les rendormir…
Ne pas penser à Père !
Mais rien n’y faisait. Où qu’elle soit, elle y pensait toujours. Le regard plongé dans l’immense étendue argentée, elle comprit que où qu’elle aille, elle ne pourrait jamais oublier la douleur. Qu’elle ne serait en paix que lorsqu’elle serait fixée sur leur sort.
Elle s’en voulait d’avoir laissé sa mère seule. Mais elle ne pouvais pas supporter l’idée de rester dans cette ville où tout lui rappelait Malik et…
NE PAS PENSER A PERE !!
Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle les refoula, et d’un coup elle sentit une agitation derrière elle.

Deux jeunes filles se disputaient. Autour d’elle, la foule avait fait un cercle, se regroupant avec délice devant ce spectacle inattendu.
Clio les regarda plus attentivement et reconnut la jeune rousse comme étant la vigie de l’Evasion. La seconde était sans nul doute sa sœur, vu la façon dont elles se disputaient.
Comme moi et Malik…
Elle fendit la foule en leur direction, et saisit la dernière tirade de la jeune fille brune :

« - Parce que tu ... tu te crois seule ? A toi le large et l'aventure, à moi de garder la vieille ? Si tu savais l'état dans lequel tu l'as mise ... Si tu l'avais seulement vue ... Tu retournerais sur cette saleté de terre ferme à la nage, je t'assure. Elle passe ses journées à coller, coller et coller encore ta photo sur les murs ... "L'avez-vous vue ?" ... Et elle refuse de parler, j'ai beau hurler qu'elle est la dernière à t'avoir vue, pas un mot. Pas un seul, tu entends ? Pas une seule explication sur ce qu'a pu lui dire sa fille fugueuse avant de partir. Peut-être que tu t'en fiches ? Ça te fait plaisir de la voir tourner en rond comme ça, hein ? Et moi ... Et moi ... Oh, et puis merde ..! »

Clio sentit son cœur se serrer. Cette discussion, elle l’avait eut des centaines de fois avec son frère, celui-ci lui reprochant de disparaître durant des heures sans jamais lui dire où elle allait. Ne parvenait-il pas à comprendre qu’elle avait une vie, à côté de celle qu’ils passaient ensemble ?
Elle s’avança vers les deux sœurs, sans même savoir ce qu’elle faisait et posa sa main sur l’épaule de la plus âgée et dit doucement :

« Ce n’est pas en vous disputant que vous allez arranger les choses. »
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Ombe Hyde
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MessageSujet: Re: Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]   Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre] Icon_minitimeDim 6 Nov - 8:59

  • La colère m'emplissait. J'avais trouvé ma liberté. Enfin. Du moins, j'en avais trouvé une petit morceau, j'en avais ouvert la première porte. Caly' n'avait pas le droit de la refermer, cette porte. Elle n'avait pas le droit de m'obliger à faire demi-tour, elle n'avait pas le droit de me confisquer toutes les autres pièces du puzzle de ce que à quoi j'aspirais. L'absence totale de liens. Ne pouvait-elle le comprendre ? Comment faisait-elle pour vivre normalement, sans liberté, sans que cela ne la tourmente ? Je n'avais qu'une seule idée à la tête. M'enfuir, aussi loin que possible. Et Caly' avait décidé de me barrer la route.

    Parce que je n'avais d'autres moyens potentiels de faire céder Caly', j'avais choisi la douleur. La blesser, par des paroles qui faisaient mal. Et je m'en voulais déjà. J'avais été cruelle. Mais comment faire demi-tour ? Un être humain, fut-il semi-androïde, n'avouera que très rarement qu'il a eu tort. Et, malheureusement pour Caly', je faisais partie de la catégorie de gens qui l'avoue même plus que rarement. Je croisais les bras, fronçais les sourcils.


    « - Parce que tu ... tu te crois seule ? A toi le large et l'aventure, à moi de garder la vieille ? Si tu savais l'état dans lequel tu l'as mise ... Si tu l'avais seulement vue ... Tu retournerais sur cette saleté de terre ferme à la nage, je t'assure. Elle passe ses journées à coller, coller et coller encore ta photo sur les murs ... "L'avez-vous vue ?" ... Et elle refuse de parler, j'ai beau hurler qu'elle est la dernière à t'avoir vue, pas un mot. Pas un seul, tu entends ? Pas une seule explication sur ce qu'a pu lui dire sa fille fugueuse avant de partir. Peut-être que tu t'en fiches ? Ça te fait plaisir de la voir tourner en rond comme ça, hein ? Et moi ... Et moi ... Oh, et puis merde ..! » 

    Je me tournais vers l'horizon, et perdais mon regard dans les vagues. Je ne voulais pas que Caly' voit mes yeux humides. Bien sûr que mère s'inquiétait. Bien sûr qu'elle me manquait, que je m'en voulais. Mais la liberté avait un prix, nécessitait des sacrifices. Et j'étais prête à tout. Et puis, mère avait toujours gardé pour elle le secret de ma naissance ; et surtout, de ma véritable nature. Je lui en voulais terriblement. Comment pourrais-je rester sur une île où tous mes semblables étaient pourchassés ? Étaient amenés à se battre, les uns les autres, dans les arènes de la ville ? C'était suicidaire. Là-bas, personne n'avait su me comprendre, par ailleurs. J'étais connue partout pour mes courses acharnées sur les toits. Et lors de ma chute, de ma survie miraculeuse, nul doute que cela avait du paraître dans les journaux. Certains se doutaient probablement déjà de quelque chose. Si je retournais à Vengelys, on me donnerait la chasse.

    Je m'apprêtais à répliquer, lorsqu'une jeune fille son apparition. Des cheveux lisses et noirs, il ne me semblait pas l'avoir déjà rencontrée. Elle paraissait calme, mais notre dispute ne semblait pas la ravir. Doucement, elle s'approcha de Caly' et posa sa main sur son épaule.


    «- Ce n’est pas en vous disputant que vous allez arranger les choses. »

    Non. Mais rien ne pouvait arranger les choses. Je me sentais constamment mal, maintenant que ce que j'étais m'avait été révélé. Caly' savait-elle seulement les raisons qui, en dehors mon obsession pour ma liberté, m'avaient poussée à fuir ? Il me fallait lui expliquer. Elle ne pourrait jamais comprendre, sinon. Et elle ne me laisserait jamais à bord de ce bateau si je ne le lui faisait pas comprendre.

    «- Non, en effet, les disputes ne font qu'envenimer tout conflit. Mais la vérité peut... tout changer ? Que ce soit en mal ou en bien, par ailleurs. »

    Je m'approchais lentement de ma sœur, fermais les yeux et essuyais rageusement une larme qui avait finit par couler.

    «- Tu n'as pas compris, Caly', murmurais-je. Je suis prisonnière d'un corps qui n'est pas humain. Pourquoi as-tu cru que j'avais survécu ? Je suis une semi-androïde. Sur Vengelys, certains s'en doutent probablement déjà. On va me donner la chasse. Et je ne serais jamais libre. »

    Je me détournais, lançant un rapide regard à la nouvelle venue.

    «- Tu n'aurais pas du te mêler de ça. Jamais. Tu es en train de t'embarquer dans des histoires qui ne concernent que Caly' et moi, c'est clair ?»

    La tristesse se traduisait chez moi par un excès de colère. Je n'aimais pas que l'on me regarde avec compassion, je refusais de montrer mes larmes. Je haussais donc le ton, noyant mes larmes sous des cris de rage.


[Désolée pour mon temps de réponse =_="]
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Clio

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MessageSujet: Re: Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]   Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre] Icon_minitimeDim 6 Nov - 21:06

    «- Tu n'aurais pas du te mêler de ça. Jamais. Tu es en train de t'embarquer dans des histoires qui ne concernent que Caly' et moi, c'est clair ?»

    Clio planta son regard vert dans celui de la rousse.

    "Tu aurais préféré quoi? Que je vous laisse vous disputer et que vous ayez été la risée de tout l'équipage du navire, ou bien que j'intervienne avant qu'on ne voit des paris sur qui giflerait la première? Tu ne veux pas que j'intervienne dans des histoires qui vous concerne, je n'y suis pas intervenue, je t'ai juste empêché d'étaler toute ta vie à le vue du navire. Maintenant, si c'est contre moi que tu veux crier, c'est ton problème."

    Elle s'écarta rapidement et se dirigea vers le bastingage, cherchant à retenir ses larmes. Combien de fois sa mère avait-elle du intervenir entre elle et Malik, pour empêcher que la situation ne dégénère? Malik sortait alors de la pièce en claquant la porte, pendant qu'elle s'enfermait dans sa chambre durant de longues heures.
    Mais cela ne durait jamais, chacun reconnaissant son erreur, et le soir ils repartaient ensemble pour la forêt.
    Jamais il n'y avait eut de dispute insurmontable, même si parfois ils pouvaient s'envoyer des horreurs à la figure…

    Une unique larme glissa sur sa joue, semblable à une perle d'eau salée. Clio plongea son regard dans la mer, cherchant à y trouver du réconfort.
    D'un coup, elle ne fut plus là. Plusieurs personnes se précipitèrent vers le bastingage, pensant qu'elle avait chuté…
    Mais c'était au-dessus qu'il fallait la chercher.

    Loin, très loin dans le ciel, une chouette vole vers le soleil. Seule au milieu du ciel.
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Calemia Hyde
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MessageSujet: Re: Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre]   Ce que l'on appelle échec n'est pas la chute, mais le fait de rester à terre [libre] Icon_minitimeLun 7 Nov - 17:58

HJ : Je propose d'instaurer des tours de réponse, parce que je sais pas vous, mais je galère un peu. Et je vous ai normalement contacté toute les deux par MP pour vous faire une proposition pour la suite Cool
Ah, et désolée pour le pavé ._.



    «- Ce n’est pas en vous disputant que vous allez arranger les choses. »

    Premier réflexe : la protection. Ne jamais laisser quelqu'un entrevoir sous la coquille, ne jamais laisser quelqu'un dépasser les barrières, jamais. Ça valait avec la famille, les amis, et ça valait encore plus avec les étrangères fouineuses. Caly sentit ses lèvres s'étirer machinalement en un sourire ironique et ouvrit a bouche, prête à répliquer par une tirade cinglante, quand elle aperçut sa sœur approcher les larmes aux yeux.

    «- Non, en effet, les disputes ne font qu'envenimer tout conflit. Mais la vérité peut... tout changer ? Que ce soit en mal ou en bien, par ailleurs. »

    Belle phrase, pleine de sens et de poésie, dont Calemia se fichait éperdument, focalisée sur les petites perles transparentes au coin des yeux de sa sœur. Des larmes.
    Second réflexe : câlin. Instinct maternel ? Peut-être. En tout cas la réaction de toute grande sœur protectrice qui se respecte. Mais elle fut interrompue dans son élan par la réaction d'Ombe, un geste rageur pour essuyer ses yeux.
    Troisième réflexe : Quand Ombe est fâchée, s'éloigner le plus vite possible.

    «- Tu n'as pas compris, Caly', je suis prisonnière d'un corps qui n'est pas humain. Pourquoi as-tu cru que j'avais survécu ? Je suis une semi-androïde. Sur Vengelys, certains s'en doutent probablement déjà. On va me donner la chasse. Et je ne serais jamais libre. »

    «Je suis une semi-androïde. Je suis une semi-androïde. Je suis une … » Stop. Ce moment étrange qui suit une révélation, vous savez, le moment où vous êtes bloqués en pensant que ça ne vient pas d'arriver, impossible. « Impossible que mon copain m'est quittée, impossible que ma mes parents divorcent, impossible que ton frère est mangé la dernière part de gâteau ... » Impossible que ma sœur soit en fait un robot.

    «- Tu n'aurais pas du te mêler de ça. Jamais. Tu es en train de t'embarquer dans des histoires qui ne concernent que Caly' et moi, c'est clair ?»

    Et puis s'en suit le moment où vous vous rendez en fait compte de toutes les implications que ladite révélation apporte. Dans le cas de Caly, cela incluait à peu près quelques 18 années de mensonges de la part de sa mère, l'existence de ces androïdes qui passait brusquement de légende à réalité et, encore plus important, le mal-être de sa sœur.

    « -Tu aurais préféré quoi? Que je vous laisse vous disputer et que vous ayez été la risée de tout l'équipage du navire, ou bien que j'intervienne avant qu'on ne voit des paris sur qui giflerait la première? Tu ne veux pas que j'intervienne dans des histoires qui vous concerne, je n'y suis pas intervenue, je t'ai juste empêché d'étaler toute ta vie à le vue du navire. Maintenant, si c'est contre moi que tu veux crier, c'est ton problème. »

    Oh, ma chère Clio, je crois que tu as mal choisis ton moment pour intervenir. Parce que, vois-tu, si il y a une chose que Calemia Hyde sait bien faire en temps de crise, c'est hurler.

    « - La brunette, c'est bien, t'as fait ta bonne action de la journée. On est toutes les deux extrêmement heureuses pour toi, et on te remercie bien, mais y a sûrement d'autres âmes en peine à secourir sur d'autres parties de ce foutu bateau. Alors si tu pouvais activer les turbos et mettre les voiles (sans mauvais jeu de mots) le plus vite possible, on t'en serait d'autant plus reconnaissantes. Merci, de rien, et bien le bonjour chez toi. »

    Puis elle fit volte-face vers Ombe et plaqua machinalement un sourire hésitant sur ses lèvres  :

    « Maintenant, Ombe, si … Hum, tu pouvais venir par là, je … Enfin, raconte-moi. S'il-te-plait. »


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